Post-Partum à l'hôpital
- Laurie Thiboutot
- 23 déc. 2023
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 déc. 2023
Les réseaux sociaux et les podcast débordent de récit d'accouchement, mais très peu traite du "après". J'ai donc décidé de partager mon récit post-partum ou plutôt "mon supplice à l'hôpital".
Même si mon accouchement a été long et pas du tout comme je le souhaitais, j'en garde un souvenir positif.
(Tu peux d'ailleurs aller lire mon récit complet ici) J'étais bien préparé et ça m'a aidé. Toutefois, j'étais très peu préparé au "après" à l'hôpital. Cela s'est moins bien passé et j'en garde un souvenir beaucoup moins positif. J'espère que mon récit t'aidera à te préparer ou encore à te sentir mieux comprise.

Alors voilà : 𝟮𝟯 𝘀𝗲𝗽𝘁𝗲𝗺𝗯𝗿𝗲 𝟭𝟭𝗵𝟬𝟲, ma petite merveille est née. Après un 10 minutes interminables où ils me l'ont prise pour enlever ses sécrétions et l'aider à respirer, elle est ENFIN déposée sur moi. C'est un vrai bonheur ! Moi et mon mari on pleure à chaude larmes, des grosses larmes de joie !
Les infirmières me suggèrent de la mettre au sein tout de suite, ce que nous faisons. La réaction de tout le monde est unanime "WoW ! Elle a dont Ben une belle prise déjà!" Effectivement, je n'ai pas eu à faire grand chose. On aurait dit qu'elle avait été nourrit au sein depuis toujours.
On s'assure ensuite que je ne saigne pas trop et que je peux tenir légèrement sur mes jambes avant de m'installer dans un fauteuil roulant pour m'amener à ma chambre Privée. (Il faut savoir que dans les hôpitaux de la Ville de Québec, il faut payer pour avoir une chambre privée en maternité. Sinon, nous somme en "coloc" avec un autre couple et un autre bébé. Les frais sont en moyenne de 200$/nuit)
Après avoir eu le "gros luxe" dans la salle d'accouchement, disons que ma chambre post-partum était ... très modeste 😅. Il y avait seulement un lit d'hôpital, aucune chaise pour allaiter ou manger. De plus, la salle de bain était partagée avec la chambre d'à côté... et crois-moi quand tu viens d'accoucher, tu veux ta salle de bain à toi, surtout pour ton premier caca 💩 (on en reparle plus tard)
Quelques minutes après notre arrivée dans la chambre, les infirmières arrivent et c'est le début d'un énorme flot d'informations : documents à remplir pour la naissance, allocation familiale, apprentissage du changement de couche, prévention pour le bébé secoué, auto-médication pour contrôler ma douleur, etc.
Elles vérifient également mon allaitement et ont la même réaction que dans la salle d'accouchement "WoW elle a vraiment une bonne prise !" Et j'avoue que j'étais bien fière -même si je n'ai rien à y voir 🤪-. Elles vérifient aussi l'état de mes parties intimes et des saignements.
𝟮𝟯 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟭𝟲𝗵 : C'est le changement de chiffres. Même si deux infirmières viennent de passer une heure plus tôt, je dois remontrer mon allaitement et mes parties intimes aux deux nouvelles qui viennent d'arriver. Je suis siiii fatiguée. Ça fait déjà plus de 38 heures que je n'ai pas dormi. Tout ce que je veux c'est qu'on me laisse dormir un peu. Rémi part donc avec Arielle dans le couloir pour me laisser me reposer.

Le repos fut de courte durée. À 17h on cogne à ma porte: "Allô, c'est votre souper" Non mais !!! C'était vraiment nécessaire de me réveiller ? De toute façon, est-ce que je veux vraiment manger de la nourriture d'hôpital comme premier repas après mon accouchement ? -NOP! Alors, tant qu'à ne pas trouver le sommeil, j'en profite pour répondre à mes messages sur mes réseaux sociaux en attendant que Remi & Arielle reviennent.
Au retour de Rémi vers 𝟭𝟴𝗵, je lui demande d'aller me chercher un bon repas au resto ! Mais c'est maintenant l'heure de l'apprentissage du bain. 🛁 Je ne suis pas capable de rester debout en raison de la douleur à l'entrejambe donc je m'assoie et demande à Remi de bien regarder les étapes et de s'en souvenir puisque je ne vois rien. C'est quand même pas si simple donner un bain à un bébé 🤪 ! Parlant de choses pas simple, les premiers cacas les 2 premiers jours sont semblables au goudron et sont très collants. C'est du sport à nettoyer ! (En tout cas c'est ce que Remi a dit puisque je n'ai changé aucune couche les deux premiers jours)
𝟮𝟯 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟮𝟬𝗵 : J'ai ENFIN mon premier vrai repas depuis plus de 48 h ! J'ai le temps de manger la moitié de mon repas et les infirmières viennent nous rappeler qu'on doit leur dire chaque fois qu'elle fait un besoin et chaque fois que j'allaite en plus de le noter sur une feuille (on est surveillé 😅!)
𝟮𝟰 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟬𝗵𝟬𝟬: Changement de chiffre. Je dois encore montrer mes seins et mon vagin à deux autres infirmières🥲. Et c'est le début de la nuit qui n'a jamais été une nuit. Arielle a pleuré sans arrêt. C'est normal !!! Cela fait 9 mois qu'elle était au chaud dans mon ventre et là tout était nouveau pour elle. On s'en occupe du mieux qu'on peut : Boire, câlins, peau à peau, changement de couche, etc.
𝟮𝟰 𝘀𝗲𝗽𝘁𝗲𝗺𝗯𝗿𝗲 𝟴𝗵: Un autre chiffre commence, je n'ai toujours pas dormi et je dois me redénuder de nouveau. La médecin passe également et encore une fois je dévoile mes attributs 😅. Elle me dit que j'ai mon congé, mais pas Arielle. Ils doivent la garder 24h de plus (on peut rester heureusement !). On me répète que mon allaitement va super bien et on m'encourage à continuer. (Yeah!)
En après-midi je prend une douche. J'avoue que ça m'a pris toute mon énergie pour réussir à rester debout pendant ce temps et laver mes cheveux. Et comment faire pour laver mes parties qui n'ont jamais été aussi enflée? J'ose même pas regarder, ça me fait Ben trop peur! Mais se sentir propre et enlever la jaquette d'hôpital pour mettre mon pyjama, ça fait un bien fou !!!

𝟮𝟰 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟭𝟲𝗵 𝗲𝘁 𝟬𝗵𝟬𝟬: Encore 2 autres changements de chiffres, 4 nouvelles infirmières qui veulent voir mon allaitement et l'état de mon périnée (qui ne devait pas être beau à voir, on va se le dire😅). Je répond maintenant à leurs questions avant même qu'elles me le demandent :
"Non je ne rempli pas de serviette à l'heure et je n'ai pas de caillot aussi gros qu'un œuf"
"Non je n'ai pas fait de caca et oui j'ai des gaz"
"Oui je vide bien ma vessie"
"Oui ça fait mal quand j'urine"
"Non l'allaitement ne fait pas mal et je n'ai pas de crevasse"
"Oui elle a fait un caca"
Jusqu'à maintenant je suis assez positive. Ça fait super mal quand j'urine (vivement la Frida mom pour aider), je ne suis pas capable de rester debout, je suis zombie de ne pas avoir encore dormi depuis plus de 3 jours, je ne mange pas vraiment, mais je viens bien. Je suis en amour avec ma fille et c'est tout ce qui compte.
𝟮𝟱 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟱𝗵 𝗱𝘂 𝗺𝗮𝘁𝗶𝗻 : Je réussi enfin à m'endormir, mais à 6h je me réveille en sursaut et je crie : "MES CHATS !!" 🙀 . Je viens de réaliser que mes chats n'ont sûrement plus d'eau ni de nourriture ! Nous sommes partie depuis vendredi matin et on est maintenant lundi. Je croyais être 36h tout au plus à l'hôpital, mais c'est plus long que prévu... ça y est je commence une crise de panique. Rémi part donc à la maison pour s'en occuper.
𝟳𝗵𝟬𝟬: Il est maintenant l'heure de nourrir Arielle. Me lever du lit me demande toutes mes forces. Je me demande même comment je vais faire pour la prendre dans mes bras et faire les deux pas qui séparent son lit du mien pour la nourrir sans tomber. Je tremble de la tête aux pieds.
Je me rend compte qu'elle a fait caca. Ha non! Comment je vais faire !? Je n'ai jamais changé une couche moi. C'est Remi qui le fait depuis son arrivée. Je ne serai pas capable de changer sa couche, mais je dois la nourrir. Je rassemble le peu d'énergie qui me reste pour la prendre dans mes bras. Au même moment une infirmière très bête ouvre la porte :

-L'as-tu nourri?
-C'est ce que je m'apprête à faire à l'instant
- Est ce qu'elle a fait caca?
- Oui.
- As-tu changé sa couche ?
- Non, je ne suis pas capable. C'est mon mari qui l'a toujours fait et il est parti s'occuper de nos chats (à ce moment je fond en larmes).
- Ben voyons ! En tout cas ... Allaite la comme ça quand même, mais ..
Elle a une face de dégoût. Je me sens alors comme la pire des mères. J'ai tellement soif. Je demande à boire avant qu'elle parte. Elle me répond que ça ira au prochain changement de chiffre à 8h... il est alors 7h. 😕
J'allaite donc ma fille complètement assoiffée, avec sa couche pleine de caca et je pleure toutes les larmes de mon corps.
𝟮𝟱 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟴𝗵𝟯𝟬 : Rémi revient. Je vais enfin avoir de l'eau ! Les infirmières passent et je recommence à me mettre à nue et à montrer mon allaitement. Mais tout à coup il y a un problème :
"Elle tête mais elle n'avale pas ta petite!" "Elle commence une jaunisse !" "Elle ne fait pas de pipi et elle est déshydratée !" "Elle perd trop de poids !"
Ben voyons ! Tout allait bien hier! Qu'est-ce qui se passe ?? 🤯 Je continue à pleurer et je suis inconsolable. La médecin passe pour nous dire qu'on devra encore passer une nuit à l'hôpital pour traiter la jaunisse. "NON! J'ai tellement hâte d'arriver chez moi. Je ne dors pas ici, je veux dormir !"
En après-midi, une infirmière me dit que je devrai lui donner un biberon avec de la préparation. "Non ! Je ne veux pas !" C'est malheureusement une prescription du médecin selon elle.

𝟭𝟲𝗵𝟬𝟬 : Nouvelles infirmières. Cette fois-ci elles sont 4 d'un coup. Rendu là je pourrais me promener nue dans l'hôpital et ça ne me dérangerait même plus. Je pleure. Je ne veux pas donner le biberon! J'ai peur de compromettre mon allaitement. Une des infirmières ne comprend pas pourquoi on m'a dit ça. Je lui explique que c'est une prescription du médecin selon l'autre infirmière d'avant.
Elle va donc vérifier mon dossier médical puisqu'elle est convaincue que c'est impossible. Effectivement, là médecin a écrit de "complémenter l'allaitement".
Elle m'explique que ça veut dire qu'elles doivent savoir combien de ml Arielle boit, mais pour ça je peux tirer mon lait et lui donner au gobelet. Je lui demande donc pourquoi l'autre infirmière m'a dit que je devais donner un biberon et de la préparation. Elle me répond: "Honnêtement c'est par lâcheté... puisque c'est beaucoup plus simple de te dire de donner un biberon que de te montrer comment tirer ton lait et le donner au gobelet"
Elle me montre ensuite comment tirer mon lait manuellement. On réussit à avoir 7ml. Le colostrum commence à être un peu plus liquide. Je suis soulagée et sereine. Cette infirmière a été la réponse à mes prières.
𝟮𝟱 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟮𝟬𝗵: La jaunisse d'Arielle empire... On apporte donc une grosse lampe dans la chambre et on la dépose la. Je peux seulement la sortir aux 3h pour l'allaiter et changer sa couche. Je sais que ce n'est rien de grave, mais je pleure de voir mon bébé dans cette petite boîte lumineuse.
𝟮𝟲 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟬𝗵𝟬𝟬 : Nouvelles infirmières. Elles me disent que je ne tire pas assez de lait pour nourrir Arielle, il faudra donner de la préparation. (Bon ça recommence !)

Voyant que je tiens mordicus à l'allaitement, mais que je veux tout faire pour que ma fille élimine sa jaunisse le plus rapidement possible, elles me parlent du DAL - Dispositif d'Aide à L'allaitement-. C'est un petit cathéter qu'on insère dans la bouche du bébé pendant qu'elle tête sur le mamelon afin qu'elle stimule la production de lait tout en recevant de la préparation. De cette façon, mon allaitement n'est pas compromis par un biberon et Arielle reçoit exactement ce dont elle a besoin. Je ne comprend pas pourquoi cette solution ne m'a pas été apportée en journée ! On aurait sauvé du temps et j'aurais été beaucoup moins angoissée.
Pendant toute la nuit je nourris donc Arielle au DAL à chaque 3h avec l'aide de Rémi.
𝟮𝟲 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟴𝗵 : BONNE NOUVELLE ! Le niveau de bilirubine dans le sang d'Arielle a assez diminué pour qu'on enlève la lampe. L'infirmière qui était là la veille et qui m'avait dit de donner un biberon vient toutefois me voir pour me dire qu'elle a perdu trop de poids (10,1%) et que ça annonçait une hospitalisation plus longue! Quoi ???? Je suis dévastée! Je veux tellement partir.
Remi décide d'aller à la maison pour chercher d'autres vêtements, des couches (pour moi 🥲) et des collations pour survivre encore quelques jours.
𝟮𝟲 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟭𝟬𝗵𝟯𝟬 : Rémi n'est pas revenu et la médecin vient à la chambre. Elle voit que je ne vais pas bien. Je pleure, je tremble ... Elle prend donc une chaise et ferme la porte. Elle reste avec moi pendant 2 heures ! On parle de mon accouchement et de mes inquiétudes.

Avec la plus grande douceur du monde, elle me demande si j'ai déjà fait une dépression.. "Oui, 2 fois" lui dis-je. Elle me suggère donc très gentiment et sans aucun jugement de recommencer mes antidépresseurs avec une dose plus élevée en "prévention". Pourquoi pas ? Je veux être là à 100 % mentalement pour prendre soin de ma fille et je ne vois pas de honte à ça. C'est vrai que je ne vais pas bien présentement. Je sais que c'est les hormones pour l'instant et le manque de sommeil, mais pourquoi prendre un risque que ça perdure connaissant mes antécédents ?
Elle regarde également mon allaitement. À ce moment-là ma montée laiteuse commence !!! Je le sens et on peut le voir. Elle ne comprend même pas pourquoi des infirmières m'ont parlé du biberon. Elle me dit que je suis la patiente sur l'étage dont l'allaitement fonctionne le mieux. Elle m'encourage à continuer, surtout que là, j'ai du lait plus liquide !!
Elle reviendra en après-midi pour me dire si on peut quitter. J'appelle Rémi le coeur léger et lui dit de prendre son temps et de faire une sieste. Grâce à ce médecin je sais que je suis et que je serai une bonne mère. Je ne pleure plus, je suis confiante ! Tout ira bien !

𝟮𝟲 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟭𝟱𝗵: Rémi revient et en même temps les infirmières viennent nous annoncer qu'on a notre congé ! YESSSS ! Enfin on pourra partir à la maison. On attend les papiers et les prescriptions et on sort enfin de l'hôpital à 19h.
𝟮𝟳 𝘀𝗲𝗽𝘁 𝟵𝗵: Une infirmière du CLSC passe à la maison pour vérifier notre état. Je vais mieux ! J'ai réussi à dormir 4h (ça me prendra d'ailleurs 2 semaines avant de dormir plus de 5h par jour, l'adrénaline était trop forte !)
Arielle va bien! La jaunisse part et elle a pris assez de poids. On peut oublier tout ce qui s'est passé et relaxer enfin!
Oh et j'ai fait mon premier caca à la maison et ça s'est bien passé.
THE END💩
Arielle lors de son premier jour à la maison :

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